LA BOITE DE MON PERE
"C'est ma boîte d'aquarelle... elle m'a été offerte par mon oncle, polytechnicien... dans les années 1937-1938, j'avais donc 11 ou 12 ans. J'ai perdu l'étui en carton dans laquelle elle se glissait!" J.J.M.
La fabrique de tablettes de couleurs pour l'aquarelle et le lavis a vu le jour à Paris en 1788. Créée par Mr P.C. Lambertye, elle a été reprise en 1822 par Mr Panier puis en 1850 par Mr J.M. PAILLARD.
Les aquarelles PAILLARD ont été utilisées par Vincent Van Gogh lui même.
Un extrait de lettre de Vincent à son frère Théo:
Etten octobre 1881
...la semaine dernière, l'oncle de Prinsenhage m'a fait cadeau d'une boîte de couleurs assez convenable, en tout cas assez convenable pour un débutant (ce sont des couleurs PAILLARD). J'en suis très heureux. Tout de suite, j'ai essayé une aquarelle...
UNE AUTRE BOITE
Une boîte de mon père retrouvée dans le grenier.
Boîte "CLEVELAND" de chez Bourgeois Aîné.
"Chez mon patron amateur d'art, en 1943, j'avais 17 ans, alors que j'étais en apprentissage de dentiste à Paris, j'avais vu cette même boîte. Attiré également par le dessin et la peinture pour mon loisir, je me construisais une boîte en bois et à la vue de cette boîte en fer je fis l'acquisition de la même par l'entremise de mon patron." J.J.M.
Il faut ouvrir cette boîte noire en fer pour découvrir ce qui peut se cacher,
boîte mystère, quels trésors renferme-t-elle?
La palette est encore maculée de couleurs,
comme si elle venait de servir,
les couleurs sont encore vives, presque vivantes, et pourtant 69 ans au repos!
Tout le matériel est là,
les tubes de couleur, une collection de pinceaux et les médiums: huile et térébentine.
Collection de tubes
blanc de zinc, noir d'ivoire, laque carminée, vermillon anglais, bleu de prusse, vert, terre de sienne, bistre, terre d'ombre, ocre jaune, outremer, jaune de chrome, bleu et blanc de titane.
Pour l'inspiration, quatre cartes postales Yvon, des paysages de Paris, Versailles et Fontainebleau.
A côté de la boîte, une oeuvre datant des années 1947,
le pont Marie et le port des Célestins à Paris,
une peinture sur bois inachevée de mon père...
LA BOITE D'AUGUSTE
Cette boîte d'Auguste, mon grand-père, je ne me souviens plus depuis quand elle me suit dans mes voyages. Elle ne m'a jamais quitté, j'ai toujours su exactement où elle se situait dans mon espace de vie, comme une partie de moi, pas indispensable mais comme un canot de sauvetage qui m'accrochait à un souvenir, capable de me faire traverser la Manche pour rejoindre ce grand père qui m'a toujours envahit, souvenir heureux de l'enfance insouciante des années 50.
Une boîte outil en elle-même, « Limographe instantané », un outil de reproduction pour Auguste peintre décorateur diplômé de l'école de Lyon au début du 20èmè siècle qui, peut-être lui permettait de poursuivre la tradition familiale d'artiste peintre! Je n'ai pas de réponse à cette énigme, à moins que...
Cette boîte outil construite par Maurice Eyquem, ingénieur parisien qui fabriquait également des bougies pour automobile, était un procédé d'impression sur tissu à partir de photographie monochrome, pour repeindre sur tissu le sujet photographié.
Auguste, artisan peintre décorateur, sans égal pour les faux marbres et les faux bois, devait également s'adonner à la peinture d'art. ,
Je ne saurai jamais ce qu'il en était exactement, plus personne ne pourra m'éclairer, je reste dans mes rêves, je vous livre le contenu de ce trésor.
Limographe Eyquem Paris
Il faut ouvrir cette boîte, coffre aux trésors, odeurs du passé. Une véritable plongée dans le temps, je me revois dans ce pays, le Cotentin, que j'ai tant aimé, les après midi de vélo jusqu'à la mer, les jeux de pirates découvrant le bout du monde. Les premières émotions de nature et de campagne, les paysans marins si fiers de leur terre et de leur histoire.
Le trésor d'Auguste, boîtes, outils, une vie...
L'étiquette du limographe de Maurice Eyquem
Dessus et dessous de la première boîte sortie du trésor,
une boîte d'un photographe de Cherbourg, envoyée par la poste un 24 août 1906.
Brosses de doreur et feuillets d'or, souvenir d'un artisan décorateur...
Feuillets de feuilles d'or
Une autre boîte, des pochettes de poudre de bronze pour des fabrications de peintures,
et des pinceaux à filets...
Ces pinceaux, à enfiler sur un manche en bois
étaient utilisés pour la réalisation des filets de décoration
sur les anciennes automobiles et charrettes,
sur les carrosseries et sur les roues peintes.
Brosses, pinceaux, triples filets, spalter, pinceau façonné, peigne à faux bois,
même un diamant pour la découpe du verre...
Quelle émotion de voir ces outils utilisés par un homme de l'art qui est toujours en moi !
Et pour finir dans le souvenir, une pochade sur bois qui n'a jamais été terminée!